La typographie chez les imprimeurs (typo, pour les intimes), à la base, c’était la capacité d’assembler des caractères mobiles pour pouvoir imprimer des textes. (Vous savez, à l’époque où il fallait glisser sur une plaque d’impression les caractères les uns derrière les autres pour créer une sorte de tampon géant.) Dorénavant, la typographie c’est devenu l’art de créer et de se servir des caractères, comme savoir choisir sa police, et sa mise en page.
Oh wow, wow, wow, j’en vois deux dans le fond qui froncent les sourcils. Pas de panique, on va y aller doucement : je vais vous donner les clés pour comprendre le vocabulaire, et pouvoir parler couramment typo avec votre graphiste.
Une police au fort caractère
Non, la police d’écriture ce n’est pas une patrouille qui vous tombe dessus à la moindre faute d’orthographe. Une police d’écriture (ou police de caractères), c’est le nom donné à un ensemble de caractères de la même famille, formant un alphabet cohérent et au style coordonné. En gros, quand vous choisissez d’écrire en Times New Roman plutôt qu’en Arial, ben vous avez choisi une police d’écriture plutôt qu’une autre.
Plutôt simple à comprendre, non ?
Anatomie d’un caractère
Sans vouloir vous donner trop d’infos, voici quelques points de vocabulaire qui vous permettront de briller en société, ou plus simplement de mieux vous faire comprendre de votre graphiste quand vous avez une idée en tête…
- Le corps, c’est tout simplement la taille d’un caractère : quand vous décidez d’écrire votre titre en taille 36, et votre paragraphe en 12, vous jouez sur le corps de votre police (en tout bien tout honneur).
- La graisse d’un caractère, c’est son épaisseur de trait ; elle peut varier de « ultra-léger » (ultra-light) à extra-noir (extra-black), en passant par le bien connu : « gras » (bold).
- Les pleins et les déliés, sont respectivement les parties épaisses et les parties fines d’une même lettre.
- L’empattement, c’est ce petit trait, ou ce petit rectangle/triangle qui vient prolonger l’extrémité d’un caractère.
- Bas-de-casse, c’est un terme pour se la péter qui veut juste dire que le texte est écrit en minuscule. (Ça va, je rigole, c’est pas juste pour se la péter.)
- Ecrire en capitales, c’est le contraire d’écrire en bas-de-casse. C’est donc écrire tout en majuscule. Genre, QUAND JE VOUS ÉCRIS COMME ÇA. (Non, je ne cherche pas à vous agresser, j’illustre mon propos, c’est tout.) Du coup, la casse d’une police, c’est tout simplement dire si elle est en minuscule (bas-de-casse) ou en majuscule (capitales).
Et pour finir sur quelques notions de mise en page, l’interligne, c’est l’espacement en hauteur entre deux lignes d’écriture ; une césure, c’est la coupure d’un mot long qui retourne à la ligne ; enfin, un texte justifié, c’est un texte dont toutes les lignes font la même longueur (et attention, si la largeur des lignes est trop étroite par rapport à la taille de votre police, cela peut créer des lézardes, soit des mégas trous entre les mots, ce qui n’est pas du tout esthétique)…
Hey ! Vous êtes toujours là ! Alors on passe à la suite, avec des infos un peu plus concrètes sur l’utilisation des polices dans vos documents.
Une affaire de famille
Les polices d’écriture se regroupent en différentes familles, qui partagent des caractéristiques similaires. On parle généralement de la classification Vox Atypi, qui se compose de 11 grandes familles de caractères… Mais là, on entre dans le détail !
Dans la vie courante, vous n’avez pas besoin de savoir différencier les familles de police ; pour pouvoir vous en sortir, je vous conseillerai juste de faire appel à ces différentes dénominations :
- les polices avec empattements (aussi nommées « serif »). Elles apporteront un style plutôt classique à vos documents, mais aussi une certaine élégance, selon la police choisie. Elles sont également plus facile à lire dans des longs textes.
- les polices sans empattement (ou « sans serif »). Plus modernes que les précédentes, elles incluent une grande variété de caractéristiques, et apportent légèreté et simplicité à vos documents.
- les scriptes, sont des polices qu’on croirait tracées à la plume, généralement en italique et où les lettres se connectent entre elles. Forcément, on est davantage sur une ambiance classique avec ce type de police, ambiance chandelier, boudoir, et opéra.
- les manuscrites, comme leur nom l’indique, semblent avoir été écrites à la main. Ces polices apportent une touche « fait maison », une proximité voire une familiarité avec le lecteur. Elles ont un côté spontané. Attention cependant, elles peuvent vite devenir difficile à lire sur des longs textes.
- les fantaisies, regroupent les polices un peu plus funs, ou thématiques. Genre, une police dégoulinante pour un document spécial Halloween, ou un effet « planche de bois » pour un document façon Western. A utiliser avec précaution, et principalement sur des titres.
Selon la cible de votre communication, vous pouvez donc choisir une famille de police plutôt qu’une autre afin de donner plus d’impact et de résonance à votre texte.
Et voilà ! Bravo, vous êtes arrivés au bout de la formation ! On peut dire que désormais vous savez (presque) tout pour pouvoir parler typo avec votre graphiste.
Je finis avec quelques conseils pour ceux qui souhaiteraient voler de leurs propres ailes et créer leurs propres documents de communication.
D’une bonne utilisation des polices
Petits conseils d’utilisation des polices et de mise en page :
- Dans un même document, je vous conseille de choisir une police pour vos titres, et une autre pour vos paragraphes. Vous avez besoin de hiérarchiser vos informations en davantage de catégories ? Pensez à jouer sur les différentes caractéristiques d’une même police (taille, casse, graisse) et sur les couleurs, plutôt que de jongler avec différentes polices de caractère. La sobriété sera toujours récompensée par une meilleure cohérence et une meilleure lisibilité.
- Les polices avec empattements sont plus faciles à lire dans de longs paragraphes. Vous pouvez ainsi choisir une police sans empattement pour vos titres, et une avec empattement pour vos paragraphes avec beaucoup de textes. (D’ailleurs comme vous le voyez, je ne suis pas mes propres conseils sur ce site.)
- Pensez à aérer vos textes ! Conservez des espaces vides (de l’importance des marges !), ne collez pas tout, et créez des paragraphes, afin de rendre vos documents plus digestes.
- Peu importe leur emplacement dans votre document, les textes écrits plus gros attireront toujours plus l’œil ! La taille de vos polices peut servir à capter l’attention de votre lecteur sur les mots clés de votre message.
Ceci étant dit, il ne vous reste plus qu’à jongler brillamment entre vos textes, vos éléments graphiques et vos couleurs pour créer la mise en page idéale !
Et si ce n’est pas dans vos cordes, pas de panique, c’est dans les miennes. N’hésitez pas à me contacter pour qu’on crée ensemble le document de communication parfait.
Assassin de la police !
Pour finir, j’aimerai juste souligner un point important.
Créer une police d’écriture c’est un vrai métier, c’est pourquoi la majorité des polices doivent être achetées pour une utilisation commerciale. Cependant, il existe certains sites qui recensent des polices libres de droit et gratuites. (Pour n’en citer qu’un, le plus connu, Dafont, en recense de nombreuses.) ATTENTION cependant, aux licences d’utilisation des polices que vous téléchargez.
Et ATTENTION BIS (oui, je crée un peu de tension là, mais c’est important) aux polices incomplètes. Parfois un créateur va proposer une partie de sa police d’écriture en démonstration : c’est à dire que vous pouvez accéder gratuitement à une partie du pack de police qu’il a créé. « Super ! » direz-vous, mais non, pas super du tout ! Parce que le principe d’une démonstration, c’est que vous téléchargez une police de caractère incomplète, où il va manquer les caractères avec accents, les cédilles, ou parfois les chiffres. Hors si vous ne décidez pas d’acheter le pack complet, et que vous vous contentez de la démo, ça devient un festival du n’importe quoi, car votre ordinateur comblera les manques avec une autre police qu’il mettra par défaut… et cela donne des choses horribles et horripilantes pour quiconque fait un minimum attention… et dites-le vous, cela vous accablera de honte. (Enfin en tout cas, moi quand je vois des documents de communication publiés avec des polices incomplètes ça fait « HAAAAN ! OOOH ! BOUUUUUHHH ! » dans ma tête. No pressure.)