Aujourd’hui j’aimerais aborder l’importance de se challenger soi-même, en partageant avec vous mon expérience de l’Inktober 2018.
Mais avant d’aller plus loin dans mon propos, et alors que je vois les yeux d’une partie de l’assistance se plisser de méfiance devant un mot barbare… Je propose un petit point préalable, afin que tous ici soyons sur un même pied d’égalité face à la suite de cet article.
L’Inktober : quésaco ?
Il s’agit d’un challenge artistique. Le nom résulte du mélange entre les mots anglais « Ink » (encre) et October (faut-il vraiment que je traduise ?). L’idée fut lancée par un certain Jake Parker en 2009, qui souhaitait à l’époque s’améliorer dans sa technique de dessin à l’encre de Chine. Sachant qu’il faut parfois provoquer sa propre motivation, il créé un challenge artistique ouvert à tous ceux qui le souhaitent, et dont l’idée se résume simplement : produire un dessin par jour à l’encre, durant tout le mois d’octobre, en suivant chaque jour un thème donné. Simple, clair. Je dirai presque : évident.
J’ai donc vu passer sur Instagram ces dernières années, les dessins de nombreux artistes au mois d’octobre, jouant le jeu de l’Inktober. Cette année encore, je voyais octobre approcher en me frottant les mains, m’amusant par avance de toute cette créativité qui se déploierait bientôt sous mes yeux. Mais, la vie en a décidé différemment. A peine le mois d’octobre entamé, mon cher frère (excellent sculpteur et dessinateur, au passage) commença à me houspiller pour que je participe, avec lui, au challenge du mois d’octobre. QUE NENNI lui répondis-je.
Pourquoi ? Pour une raison simple…
Je ne me sentais pas légitime.
Mais qu’est-ce que cela veut dire, me crierez vous ? (Et vous avez raison de crier, y en a marre de ce genre de remise en question !)
Je ne suis pas sure que vous décrire par le menu mes états d’âme et mes réticences soient vraiment le sujet. Je dirai simplement qu’en tant qu’autodidacte dans le domaine du dessin, je ne me sentais pas de taille à affronter les artistes qui participaient à ce challenge. Je me barricadais derrière l’idée que l’Inktober devait rester réservé à une certaine classe de personnes, celles capables de répondre au challenge dans son sens originel, prenant du papier, de l’encre, et leur talent pour seuls compagnons. (Oui, je sais, tout de suite les grands mots.)
La vérité c’est que j’avais une trouille bleue du jugement des autres. Comment trouver sa place au sein d’une communauté que l’on admire ? A quel point je pouvais justifier le fait d’intégrer la caste des artistes ? Et puis, offrir aux yeux du monde un travail dont on n’est peu sûr, avec le risque d’être moqué, quoi de plus terrible ? (Là, c’est peut-être le moment de l’article où vous levez les yeux au ciel, et je comprends, c’est vrai que dit comme ça, ça sonne très mélodramatique.) Forcément, quand on en arrive à ce genre de réflexion, le premier réflexe est de se rouler en boule et de ne plus rien faire. Curieusement, il s’est passé l’inverse pour moi. Car au milieu de toutes ces idées négatives, la pensée que je pourrais aussi bien m’amuser revenait sans cesse. Finalement, je me suis laissée aller à participer pour une raison à la fois toute bête, et en même temps essentielle : le plaisir. Parce qu’à quoi bon vivre, si on ne peut pas s’amuser ? (Sortez vos copies, vous avez trois heures.) Ce qui m’a poussé à quitter mon CDI et à me lancer toute seule dans une voie peut être difficile, c’était le plaisir ; c’était savoir que j’allais pouvoir me lever tous les matins en étant heureuse à l’idée de ce que j’allais faire de ma journée. Et, à mon avis, c’est quand même super important.
Je me suis donc lancée, fébrilement, dans cet Inktober, avec mes moyens de dessin à moi, armée de ma Surface Pro, de mon stylet, et de Photoshop, avec pour simple but de me challenger, de m’obliger à dessiner quotidiennement, de m’améliorer, et de m’amuser. Au début, je ne savais pas trop ce que je faisais, j’ai pris mon pied sur certains dessins, je suis aussi passée par des périodes de mécontentement et d’insatisfaction, pour finalement comprendre quel aurait du être le bon équilibre entre le temps passé sur ces dessins et le résultat. Tout un apprentissage. A l’issue de cet Inktober, mon sentiment est mitigé. D’un point de vue purement artistique, certains dessins ne me plaisent pas du tout, tandis que quelques uns me plaisent beaucoup. Mais du point de vue du challenge pur, je pense avoir beaucoup appris. J’arrive mieux à discerner ce que j’aime dessiner de ce que j’aime moins faire. Je connais mieux mes limites. Mes zones de confort. Mes atouts. Surtout, je me suis rendu compte de ma ténacité, et de ma capacité à aller de l’avant.
Je ne sais pas si ce challenge aura vraiment eu un impact sur ma technicité… je ne suis pas sûre, car un mois finalement, ce n’est pas grand chose. Cependant, il a été une source d’apprentissage sur moi-même, et mes réactions, et c’est pour cela que je souhaitais vous en parler aujourd’hui. Je pense que, lorsqu’on croit avoir atteint ses limites, ou que l’on manque de confiance en soi, se challenger soi même peut être très bénéfique. Aller au devant de ses craintes, et réaliser que, même si tout n’est pas parfait, on a réussi.